Thyeste, un spectacle total mis en scène par Thomas Jolly
- Manon
- Dec 1, 2018
- 2 min read
Updated: Apr 1, 2021

« Je suis l’entremetteur en scène. » Tels sont les propos tenus par Thomas Jolly lors d’une intervention à l’Université Paris Diderot au sujet de son adaptation de Thyeste de Sénèque, le jeune metteur en scène affirmant non sans modestie faire le lien entre le célèbre dramaturge et le public au sein d'une mise en scène personnelle et poétique.
Thyeste, ça vous parle ?
Vous savez, cette histoire de vengeance fratricide qui vire au cannibalisme entre un frère d’une furiosité surhumaine et un autre qui en paie les frais en dévorant ses enfants !
(Attention, ne reproduisez pas ça chez vous)
Thomas Jolly a décidé d’adapter cette sombre tragédie de Sénèque, et devinez quoi ?
C’est d’une beauté monstrueuse.
D’abord interprétée à la Cour d’honneur du Palais des Papes à Avignon, l’adaptation de Thomas Jolly a connu un succès général et est maintenant en tournée, la pièce achevant actuellement une première étape à la Grande Halle de La Villette avant de s’arrêter au Théâtre National de Strasbourg à partir du 5 décembre prochain.
Ayant eu la chance d’y assister mercredi dernier, je dois dire que j’ai été totalement transcendée par la pièce. Le jeune metteur en scène a su s’approprier la tragédie dans un univers pop et personnel, entre décors sobres mais imposants, costumes aux couleurs vives, musique slamée et jeux de lumière fascinants. A la manière d’un opéra, la pièce mélange parlé et chanté. A la manière d’une série, la pièce captive et interpelle. A la manière d’un film, la pièce éblouit et transporte. En mélangeant théâtre de discours et puissance visuelle, Thomas Jolly a su faire de la pièce antique de Sénèque traduite par Florence Dupont un spectacle total.
Et je ne vous parle même pas du jeu d’acteur offert par les comédiens de la troupe du metteur en scène, La Piccola Familia. Ces derniers sont totalement convaincants dans leur rôle et réussissent aisément à nous émouvoir, notamment Thomas Jolly lui-même dans le rôle d’Atrée qui, habitant totalement son personnage, parvient à nous faire peur, allant même jusqu’à nous faire sursauter.
Le jeune metteur en scène affirme d’ailleurs travailler en empathie : il définit l’acteur comme un passeur d’émotions, et s’en sert afin d’amener le spectateur à apprécier Atrée à la fin. Enjeu considérable mais monstrueusement efficace à travers une puissance émotionnelle forte.
La musique est un autre point fort. Omniprésente, elle participe pleinement au rythme des émotions du spectateur qui fait face à un spectacle auquel il assiste, impuissant, à l’une des tragédies les plus effroyables jamais écrites.
Thomas Jolly nous invite donc à redécouvrir le Thyeste de Sénèque dans une adaptation puissante et révélatrice du style ponctué de références du metteur en scène, qui se révèle impérativement à suivre dans les prochaines années à venir… !
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